Il serait assez raisonnable et juste de dire de nos jours, que la COVID-19 a changé nos vies éternellement. En l’espace de 2 ans, l'humanité, comme on l’a connu pendant toutes nos vies, a dû changer et s’adapter à une nouvelle réalité. Ces changements ont touché tous les domaines de la société, avant et central, le domaine de l'éducation.
Durant les premiers mois de la pandémie, les étudiants et les établissements avec, faisaient face à des défis jamais vus, dans une situation critique et unique, avec un délai inchangeable, des frustrations infinies, et des questions sans réponses.
La promptitude des acteurs
La solution mondiale établie dans la plupart des pays était mise en place assez tôt, ceci fut la naissance de la belle époque de l’enseignement à distance
De Zoom, Microsoft Teams, Google Classroom, etc. Les universités, collèges, lycées, et ainsi de suite, ont investis leurs ressources pour permettre à leurs étudiants de garder un semblant de normalité en continuant leurs parcours scolaires, même si c'était à la maison, et très loin de la normale.
En Tunisie, l'idée de l’enseignement à distance était proposée par le Ministère de l’Enseignement Supérieur suite à l'arrêt des études survenu lors de la première vague de COVID-19 en 2020, cette proposition a été confrontée avec des opinions diverses, d’un côté, cette idée présentait une opportunité pour introduire ce type de technologie dans nos écoles et universités, et d’un autre, elle se présentait comme une idée bourgeoise et privilégiée vu la réalité actuelle de la classe ouvrière dans le pays.
Ainsi, la question ultime se pose: L'Enseignement à distance en Tunisie, est-ce faisable actuellement?
Un pas vers le futur:
L’enseignement à distance est principalement laissé aux éducateurs pour figurer et comprendre, ceci inclut comment gérer une classe virtuelle, comprendre les logiciels utilisés, modifier les leçons pour assurer la bonne compréhension des étudiants, mettre en place des nouvelles règles de comportement, etc.
Toutes ces nouvelles tâches ont créé un sentiment d’urgence dans le corps enseignant, ce qui, à son tour, l’a forcé à s'habituer et à apprendre à une vitesse beaucoup plus importante qu’un cadre normal
Avantages et opportunités
En effet, le délai entre les annonces de confinements dans plusieurs pays et le début des cours à distance variait juste de quelques jours à quelques semaines, ce qui prouve effectivement une capacité d’apprentissage et d’adaptation assez haute.
- Plus d’aisance, c’est plus de rendement
- Offrir plus d’opportunités dans le choix des spécialités
- Attirer de plus en plus d’étudiants étrangers
Si on voulait citer les avantages d’avoir un système d'éducation à distance, on pourrait commencer par dire que cet outil offre certainement plus de fluidité aux étudiants et aux enseignants pareils, ils pourront ainsi suivre leurs cours du confort de leurs propres chambres, au rythme qui leur convient.
On pourra aussi dire que ça offrira plus de choix à plusieurs étudiants qui pourront enfin choisir le programme de leurs rêves même s’il est offert dans une ville lointaine et que cela ne leur conviendrait pas dans une situation normale. Ajoutons à ça les avantages qui seront apportés à la vie en dehors du cadre scolaire : la diminution des encombrements routiers causés par le transport scolaire et universitaire, etc.
Ajoutons à ça un facteur qu'on a tendance à oublier : les étudiants étrangers. Un programme offert à distance est certainement plus attractif pour les étudiants étrangers, mais ça pourra aussi être le tremplin pour mettre les universités tunisiennes en concurrence avec les grandes universités du monde.
Par contre, on ne peut pas comparer, ou juger objectivement le processus de mise en place d’outils d’enseignement à distance dans les différents pays sans se référer avant à des spécifications des ressources disponibles dans chaque pays, après tout, “On fait c' qu'on peut, avec c' qu'on a” est une expression très adéquate dans ce cadre, ce qui nous mènera à poser la question suivante: Dans le cas d’un pays comme la Tunisie, sommes-nous prêts à faire une transition vers l’enseignement à distance avec nos moyens actuels?
La Tunisie et les défis de l’enseignement à distance, parlons-en:
En Avril 2020, Le Ministère de l’enseignement supérieur en Tunisie a annoncé sa décision de déplacer toutes les activités d’enseignement (Sauf dans certains cas, comme par exemple, les stages de médecine) vers un mode virtuel à distance, ceci était dans le but principal de protéger les étudiants et le corps enseignant de la propagation de la COVID-19.
En Juin, il a été annoncé que des ordinateurs "bon marché" seront mis en vente pour les étudiants en difficulté financière, il a aussi été annoncé en Novembre que les étudiants qui n’ont pas accès aux moyens technologiques nécessaires pourront bénéficier des ordinateurs des écoles pour suivre leurs cours.
Qu’il suffise de dire que le gouvernement Tunisien était proactif dans une situation assez délicate et a su soulager et apaiser les masses dans la confusion qui entourait la situation scolaire en 2020.
Ceci dit, après avoir constaté les avantages de ce mode d'enseignement, plusieurs établissements parlaient d’une transition complète qui sera, honnêtement, inévitable si on continue d’avoir des crises sanitaires et au rythme d'évolution technologique qu’on voit. Mais cette transition, aussi optimiste et assurée qu’elle est, factorise plusieurs variables dans une équation qu’on n’a toujours pas les réponses pour résoudre.
Et donc, la question principale qu'on posera est: Si nous avons une nouvelle vague pandémique dans les prochains mois, est-ce que la Tunisie sera capable de faire une transition fluide vers une modalité d’enseignement 100% à distance?
Qualité d’enseignement:
L’enseignement à distance est bien évidemment un changement drastique, qui nécessite de l'adaptation continue de la part des enseignants et des étudiants pareils.
- Le conflit éternel des anciennes générations avec les nouvelles technologies
- L’élève entre les choix et les distractions
D’un côté, les enseignants vont devoir changer la façon dont ils ont opéré durant toute leur carrière. Le curriculum pourra ne pas changer, mais la façon dont l’information se transmettra ne sera certainement pas la même. Les cours vont devoir être donnés d’une manière qui assurera la compréhension des élèves même s’ils ne sont pas présents dans une salle de classe, un suivi va devoir être mené régulièrement, ainsi qu’une planification rigoureuse des cours faite en tenant compte de la situation, ceci est un travail qui doit être fait de la bonne manière sur un lapse de temps considérable.
De l’autre côté, l'élève en étant le récepteur principal de l’information doit démontrer une discipline constante avec le suivi de ses cours, qu'ils soient synchrones (Apprentissage fait en temps réel avec la présence virtuelle de l’enseignant et de sa classe) ou asynchrone (Apprentissage fait d’une façon ne nécessitant pas la connexion simultanée de l’enseignant et de sa classe). Dans les deux cas, l'élève doit créer un environnement d’apprentissage lui permettant de rester concentré, ainsi qu’une routine qui ne lui permettra pas de se soumettre aux distractions qui peuvent se présenter à la maison.
Principe d'égalité des chances :
Une étude menée en 2020 en Tunisie¹ suite à la première vague de la pandémie et le confinement qui a suivi propose des résultats inquiétants. 60% de l'échantillon interrogé affirment que l’outil d’enseignement à distance ne respecte pas le principe d'égalité des chances.
Certes, ce qui s’applique dans les cas des pays avancés comme les Etats Unis ou l’Angleterre, ne peut parfois être appliqué dans le cas des pays pauvres ou en cours de développement. Dans notre cas, le tissu social de la Tunisie ne permet pas actuellement de généraliser l'utilisation de l’enseignement à distance malgré tous les avantages associés.
Les catégories sociales influent l’enseignement
Commençons par l’évident : La différence des classes sociales en Tunisie dicte que les étudiants n’ont pas tous accès aux mêmes ressources (Ordinateurs, connexion WIFI stable et puissante...) Ceci peint déjà l’image de l’enseignement à distance comme étant un outil privilégié et, si on se permet de le dire, bourgeois.
Mais loin de cette perspective, un autre défi se présente, le droit des enfants souffrant de problèmes d'apprentissage à une éducation complète et égale à celle de leurs contreparties.
Le enfants existants sur le spectre de l’autisme par exemple, ont besoin de la présence totale de leur enseignant ou d’un accompagnant au cours de leurs études, ces enfants peuvent présenter des problèmes d'hyperactivité, de dyslexie, ou de déficit de compréhension, et un enseignement donné à distance peut aggraver ces problèmes et être un revers majeur dans leur vie scolaire, contradiction claire et nette à leurs droits.
Infrastructure et outils :
Cette même étude a démontré, après l’interrogation d’un échantillon d'étudiants et d'enseignants, que 67% de ceux interrogés pensaient que le frein principal contre l'utilisation de cet outil est le manque de moyens et de supports.
Zoom : Le grand gagnant du confinement
En effet, la mise en place d’un système basé sur l’enseignement à distance est fortement liée aux moyens techniques. Premièrement, cette stratégie nécessite la présence d’une plateforme virtuelle dédiée à ce genre de communication, ceci est facilement résolu : Google Classroom, Microsoft Teams, et Zoom ne sont pas limités à un nombre spécifique d'établissements et peuvent être utilisés avec tous les types de systèmes d’exploitation. L'établissement pourra aussi opter à l'utilisation d’une plateforme indépendante tel qu’EDUCO.
Deuxièmement, il est aussi nécessaire d’avoir un groupe de personnes dans les établissements dont le travail sera de maintenir la fluidité de la vie scolaire et de régler les problèmes techniques qui peuvent survenir, donc ce changement nécessite obligatoirement la création de plusieurs nouveaux postes dans les établissements scolaires et universitaires.
Ceci dit, malgré les défis omniprésents qui nuiront à la transition complète vers l’enseignement à distance, on peut dire avec confiance qu’on est déjà sur le bon chemin.
EDUNET, initiative révolutionnaire:
Au début de la 3 -ème millénaire, le ministère de l'éducation a introduit la plateforme EDUNET .
Première de son genre en Tunisie, en Afrique et en monde arabe et ouvrant petit à petit la porte à plusieurs autres plateformes offertes par le gouvernement, EDUNET continue d’offrir depuis sa création divers services liés à la vie scolaire, tels que les inscriptions à distance pour l’enseignement secondaire, les notes de baccalauréat en ligne, et tel qu'annoncé dernièrement, l’inscription en ligne pour les élèves de l’enseignement primaire.
Ce genre d’initiatives est certainement un bon pas vers l'élimination des défis freinant l’enseignement à distance.
L’UVT, lumière à la fin du tunnel :
L’université virtuelle de Tunis est un organisme révolutionnaire en Tunisie. Depuis sa fondation en 2002, elle opère avec la mission de créer des programmes universitaires diversifiés pour les étudiants tunisiens.
Cette université, première de son type en Tunisie, offre des cours et des évaluations accessibles sur une plateforme conçue spécialement pour ces tâches, abordable, ergonomique, et évolutive, elle offre ainsi un espace de communication fluide entre tous les joueurs inclus.
En effet, en Avril 2020, il a été annoncé que plus de 105 000 étudiants se sont inscrits aux programmes offerts, et en Novembre 2020, l’UVT a même mis ses plateformes éducatives à la disposition des universités Tunisiennes afin d’assurer la continuité des cours et afin d'éviter les délais causés par la non-existence de ressources techniques dans la plupart des universités.
Tout cela pour dire que l'enseignement à distance n’est pas une nouveauté pour la Tunisie, l’UVT a opéré pendant 18 ans en offrant un enseignement de qualité à ses étudiants, et il est temps que ce soit généralisé.
Conclusion
La crise de la COVID-19 a servi comme un coup de semonce pour le monde pour prendre position et moderniser le domaine de l'éducation afin de permettre aux élèves et aux étudiants de continuer leurs études en cas d’une crise, et avec l'évolution technologique continue, le recours à l'enseignement à distance est inévitable. La Tunisie doit présenter des solutions aux problèmes majeurs qui limitent son utilisation de cet outil afin de révolutionner son approche éducative et récolter tous les avantages qui viennent avec.